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Le Procès Goldman

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Titre original : Le Procès Goldman

Titre provisoire : Je suis innocent parce que je suis innocent

Réalisation : Cédric Kahn

Scénario : Cédric Kahn et Nathalie Hertzberg

Photographie : Patrick Ghiringhelli

Son : Elisha Albert, Thomas François et Erwan Kerzanet

Montage : Yann Dedet

Production : Benjamin Elalouf

Société de production : Moonshaker, en association avec les SOFICA Cinémage 17, INdéfilms 11, SG Image 2021

Société de distribution : Ad Vitam Distribution (France)

Budget : 2,6 millions d'euros

Pays de production : Drapeau de la France France

Langue originale : français

Format : couleur — 1,33:1 — son 5.1

Genre : drame, policier, film de procès, historique

Durée : 115 minutes

Dates de sortie :

France : 17 mai 2023 (Quinzaine des cinéastes du festival de Cannes 2023)9,10 ; 27 septembre 2023 (sortie nationale)

 

    Dans un tribunal transformé en arène, Cédric Kahn relate le parcours de ce militant d'extrême gauche accusé de quatre braquages et de l'assassinat de deux pharmaciennes. Un film sobre et rugueux.

Il faut se souvenir. L'affaire fit grand bruit. Ça n'était que pétitions, comités de soutien. Les intellectuels se pâmaient. En Pierre Goldman, ils avaient trouvé un héros à leur mesure. Condamné à perpétuité en première instance, le militant d'extrême gauche était accusé d'avoir tué deux pharmaciennes boulevard Richard-Lenoir, ce qu'il niait obstinément. Les quatre braquages, oui, mais tirer sur ces dames, jamais. En 1975, un second procès s'ouvrit à Amiens. La province calmerait peut-être des esprits échauffés.

Le personnage est trouble, tourmenté, ténébreux. Il envoie une lettre salée à son avocat Georges Kiejman, qu'il traite de « juif de salon ». Cela donne une idée. Le demi-frère du chanteur, Jean-Jacques - on aperçoit sa silhouette dans la salle -, est d'un matériau hautement inflammable. En prison, il a rédigé un livre qui est devenu un best-seller, Souvenirs obscurs d'un juif polonais né en France. Ce fils de résistants ne déteste pas flirter avec les gangsters, aime les filles, l'alcool, le jazz, la musique cubaine. Il n'a que le mot « révolution » à la bouche. Cela plaît à Simone Signoret qu'on distingue - il faut avoir l'œil - sur un banc, avec ses lunettes de soleil (Montand ne devait pas être loin). Régis Debray, qui est à côté d'elle, est plus gâté : le guérillero moustachu a droit au moins à cinq secondes sur l'écran. Parfum d'époque. L'essentiel est ailleurs. Il se joue dans ce prétoire.

Dialecticien hors pair

Dans son box, le prévenu a un visage cadenassé. L'intérieur bouillonne. Son discours est précis. Les mots visent juste. Après le Walther P38, l'éloquence lui sert d'arme. C'est un être de ténèbres et d'incendie. Le tribunal se transforme en arène. L'homme s'emporte avec lyrisme, pique de brusques colères. Les gendarmes doivent le maîtriser. Plutôt antipathique, il n'est pas dénué d'un charme sulfureux. La provocation ne l'effraie pas. Les insultes fusent. La partie civile, en la personne de Nicolas Briançon (mielleux et implacable), jubile.

Les témoins se succèdent à la barre. Le récit du père atteint des sommets d'émotion, avec cette voix gutturale. La compagne antillaise frappe par sa dignité. Les policiers se contredisent. Ils se prennent des « raciste ! » dans la figure. La vérité vole comme une balle de ping-pong. L'épithète « fasciste » résonne à plusieurs reprises. Vieille rengaine des seventies. Ces protagonistes se battent avec des paroles qui boxent. Il y a du sport.

Je suis innocent parce que je suis innocent

Pierre Goldman, à son procès

La défense de Goldman est simple : « Je suis innocent parce que je suis innocent. » Pas évident à plaider. Cela n'empêche pas ses supporteurs de scander des slogans en sa faveur. Le procureur réclame le silence. Des photos circulent de mains en mains. Fébrile, pointu, Arieh Worthalter incarne cette boule de nerfs avec une profondeur, une intensité qui rappellent Gian Maria Volonte. Roublard, habité, il se glisse dans la peau de ce marginal exalté, de ce dialecticien hors pair qui tente sans cesse de noyer le poisson. Verbe et verve lui tiennent lieu de style. De lourds soupçons pèsent sur lui. Manquent les preuves, hélas. La tirade finale de Kiejman emportera le morceau. Acquitté. Goldman sera assassiné en 1979. On ne saura jamais par qui.

Cédric Kahn ne quitte pas le prétoire, ne fait pas les pieds au mur avec sa caméra. Il cadre serré, scrute les visages. Le film est sobre, sec, rugueux comme du papier de verre. La justice reste une invention des hommes. Le verdict laisse songeur. Arthur Harari joue Kiejman à la perfection. À un détail près : l'avocat était alors déjà chauve. C'est le seul reproche à adresser à ce Pierre Goldman par ailleurs sans bavure.

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